Il y a quelques années, en blague, j’ai proposé à mon associé de vendre au rabais tous les logos que nous avions développés sans jamais les présenter à un client. Par exemple, quand je travaille un concept de logo, j’en développe une vingtaine, j’en propose trois et le client en choisit… un seul! Il y a donc 17 logos qui restent dans mon cahier (eh oui, à l’époque, je dessinais mes concepts!). Disons qu’aujourd’hui, ils resteraient dans mon ordinateur, éventuellement archivés, aux oubliettes. Il va sans dire que les trois propositions présentées demeurent la propriété du client.

On pourrait appeler ça « LOGO-TO-GO », un genre d’entrepôt où l’on offre des rabais sur des échantillons jamais portés. On les classe par couleurs, thématiques, formes, styles, époques. Parce que, au fond, ces bonnes idées qui ne se sont pas qualifiées pour la finale pourraient parfaitement trouver preneur. C’est une question de goût, de circonstances.

Et je ne parle pas des logos génériques que l’on trouve à la tonne sur Internet. Je parle d’idées originales qui ont été développées spécifiquement pour une organisation.

Juste pour le plaisir, faisons le compte. Je suis graphiste depuis 1989 : ça me fait donc 26 ans de carrière. Je fais en moyenne (conservatrice) six logos par années, soit 156 logos vendus au total. Pour chacun d’eux, 17 possibilités ont été écartées, soit 2652 bonnes idées (notez ici que je n’ai pas dit « très bonne » ou « excellente »).

2652 idées au rebut

Si je mets ces 2652 idées en vente dans mon entrepôt au modeste, très modeste coût de 200 $ la pièce, je pourrais aller me chercher un joli petit pactole de 530 400 $! C’est des sous! Amassés presque sans que je m’en aperçoive. Sauf pour la tendinite chronique que j’ai développée avec la surutilisation de la souris. Une belle petite somme pour un projet de voyage autour du monde; une mise de fonds sur un ponton; une ou deux années sabbatiques…

Étant donné que je suis une bonne personne, avec une vision durable, je ne vais pas le dépenser en chaussures et sacs à main, mais bien le donner à une œuvre de charité. C’est un beau don. Et comme la tendance est à la récupération des « déchets » pour faire des objets utiles (ou pas), mon recyclage d’idées s’inscrit tout à fait dans ce mouvement. Transformation d’une matière (grise) pour diminuer la perte.

Oui, mais…

Vous me voyez venir. Je ne suis pas si subtile que cela. Cette idée n’est pas bonne. Pourquoi?
Parce que les idées viennent d’une source inépuisable;
Parce que les bonnes idées ne polluent pas ni ne contaminent ou alors très positivement;
Parce que, contrairement au jogging, les idées n’usent pas le cerveau comme les articulations;
Parce que les bonnes idées ne sont pas toxiques;
Parce que les idées alimentent les échanges;
Mais, surtout, parce qu’en tant que concepteur, on n’a pas envie d’exploiter la même idée deux fois. La quête d’originalité est constante. Aussi parce que nos clients ont tous une histoire particulière et authentique à nous soumettre. Et parce que pour honorer leur confiance, on leur développera la nouvelle meilleure solution. Du sur mesure.

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