(originalement publié le 6 novembre 2014)

Je me permets de partager avec vous un petit billet d’opinion. La vraie question que je veux soulever est : le génie sous toutes ses formes se rapproche-t-il de la folie? Méchante bonne question, vous ne trouvez pas?

À prime abord, et de manière tout à fait intuitive, je dirais que les fous ne sont pas nécessairement plus créatifs, mais bien que les créatifs sont tous un peu fous. Ou, plus poliment, disons qu’ils sont plus originaux, plus excentriques et moins mainstream. En effet, je remarque que les créatifs avec lesquels je travaille, que ce soit en tant que prof ou comme directrice artistique, sont en grande majorité des « personnages » riches et surprenants. Des gens d’extrêmes, de contrastes, de contradictions. Des gens qui doutent, qui s’égarent et reviennent. Des gens près de leurs émotions. Des expressifs. Des excessifs.

La créativité naît de la possibilité. Avoir une idée et entrevoir la possibilité de la mettre à exécution. Se donner la place et les outils pour matérialiser une idée nécessite une bonne dose de lâcher prise, de l’ouverture et une vision qui n’est pas altérée par des conventions. Une sorte de naïveté vis-à-vis des choses qui permet de les voir différemment. La créativité naît de l’abandon à ses instincts. Elle naît de l’expression pure d’une vision qui nous est propre, parce que c’est la nôtre.

Or, pour en revenir au sujet qui nous intéresse, perdre un peu ou beaucoup le contrôle, reviendrait à se mettre en danger émotif et créatif. Être un peu « fou », donc. Être non conventionnel. Défier les normes.

Plusieurs études et ouvrages, notamment Psychologie : pensée, cerveau et culture  de Drew Westen ou encore À chacun sa créativité, Einstein, Mozart, Picasso… et nous  du professeur Jean Cottraux, tendent à démontrer une plus grande concentration de bipolaires chez les créatifs. Ce qu’on dit en réalité, c’est que la bipolarité favorise l’expression d’un talent à condition, bien sûr, de le posséder au départ. Les troubles de l’humeur, entre autres, favorisent les excès émotifs qui peuvent être rentables dans un contexte de recherche créative.

Évidemment, je n’oserais pas affirmer que le fait de souffrir d’un trouble de santé mentale est positif, car il s’agit d’une épreuve de la vie qui doit être prise au sérieux. Ce que je dirais néanmoins, c’est que je souhaite que nous embrassions plus volontiers cette diversité qui fait de nous des individus à part entière, avec nos forces comme nos faiblesses. Souffrir, non. Mais accepter de ne pas être toujours en contrôle et réussir à en tirer profit, oui.

Je dédie ce texte à tous les beaux excentriques que je rencontre.

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