Vendre une cause. Je suis moi-même coupable d’utiliser l’expression.

Beaucoup au boulot…

Ça fait pas vendre, on devrait prendre un autre case for support. 

C’est une cause difficile à vendre. Beaucoup plus que telle ou telle autre. 

Mais ça m’arrive aussi dans les 5 à 7 ou les soupers de famille, quand mes interlocuteurs me demandent ce que je fais de mes journées.

C’est comme de la pub, mais au lieu de vendre des chars, on vend des causes. 

Oui… Mais non.

Pourtant les gens comprennent tout de suite (beaucoup mieux en tout cas que quand je leur dit qu’on est des espèces de Don Draper, avec une âme et un foie encore valide).

Mais chaque fois que j’utilise ce raccourci, ma petite voix intérieure me dit que la formule, bien que facile et comprise, nuit peut-être plus qu’autre chose à la cause, justement.

Après tout, vendre, c’est se défaire de quelque chose en échange d’une somme d’argent. C’est faire le commerce d’un bien ou d’un service.

Le boucher vend de la viande (merci, dictionnaire Larousse).

Mais est-ce qu’on peut acheter une cause comme on achète un steak – M’en vas vous prendre 500 grammes de votre cause la plus fraîche! – ou un politicien à l’intégrité douteuse? Bien sûr que non! Et si oui, ce serait un autre débat.

Non. Les causes pour lesquelles on travaille ne sont pas à vendre au kilo ou au plus offrant. Elles ne deviennent pas la propriété de ceux qui les appuient. Ils n’en obtiennent pas un petit bout, juste pour eux. Si elles appartiennent à quelqu’un, c’est au mouvement collectif qui fait avancer cette cause.

Je suis convaincue – c’est probablement un vieux relent de mes années à l’UQAM – que les mots qu’on utilise finissent pas influencer la façon dont on voit le monde. Et je n’ai pas envie de vivre dans un monde où le marché dicte comment nous devrions nous parler d’engagement et de solidarité.

Ça n’a fichtrement rien à faire ensemble, tant qu’à moi (mais le grand Alain Deneault pourrait vous en parler plus élégamment). Et c’est surtout tellement réducteur, quand on y pense.

Dire qu’on vend une cause à un donateur, c’est réduire un formidable élan humaniste, celui du don, à une simple opération marchande.

C’est laisser sous-entendre à des milliers de travailleurs et bénévoles engagés qu’on met leur dévouement en compétition avec celui de la cause d’en face, qui en offrira plus pour son argent.

Bien sûr, le secteur à but non lucratif n’est pas à l’abri d’une certaine compétition pour obtenir l’attention des donateurs, dans un contexte de multiplication des organismes et fondations.

Mais on ne verra jamais nos clients entrer en guerre ouverte contre la cause dite « concurrente », et je mets l’emphase sur les guillemets ici, comme le font certaines des plus grandes marques.

Non. Ce qu’on entend, ça ressemble plutôt à ceci.

Ils sont bons dans ce qu’ils font. On va leur laisser ça et se concentrer plutôt sur ce type de projets à l’avenir. Les besoins sont tellement grands, il faut qu’on travaille ensemble.

Qu’on les considère vendables ou pas, mes causes ne sont pas à vendre. Elles sont tellement plus que ça…

Et je m’engage aujourd’hui à utiliser d’autres mots pour exprimer tout ce que nous pouvons faire pour les aider à relever leurs défis de communication, pour les amener plus loin, pour faire reconnaître leur valeur (non-marchande), et pour qu’en bout de ligne, plus de gens les découvrent et les adoptent.

Peut-être qu’ainsi, on sortira d’une certaine logique binaire, ça se vend ou ça se vend pas.

Et peut-être qu’on enrichira, excusez le mauvais jeu de mots, nos façons de faire.

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