En confinement depuis le 12 mars dernier (bientôt suivie par tous les Atypiciens qui sont, depuis, passés en mode télétravail préventif) Claudia Bergeron, directrice principale marketing relationnel chez Atypic, s’interroge sur ce qui ressortira de la crise du coronavirus et nous livre son premier billet.

Parce que c’est étrangement en étant isolé que l’on ressent le plus le besoin d’être uni aux autres… Comme si ce regard sur soi imposait soudainement une vision plus élargie.

Signe manifeste de l’empathie sociale qui nous définit, il est fort à parier que cette quarantaine révélera en nous ce besoin fondamental de se tourner vers l’autre, de se serrer les coudes. Sorte de brèche dans nos vies linéaires et effrénées, moment d’éveil sur le fait que nous formons un tout, chaotique et hétéroclite, mais néanmoins uni.

Mes pensées évoluent aussi vite que l’actualité, tandis que s’effrite à nouveau mon insouciance et qu’on me rappelle que le bonheur ne doit en aucun cas être pris pour acquis.

Et pendant ce temps, autour de moi, la vie.

Elle fourmille dans les mille et une demandes de mes enfants, frénétiques devant cette pause prolongée, faisant fi de cette intangible menace qui marquera sans doute leur génération.

Je m’arrête et je les regarde, amoureuse et inquiète.

Ce n’est certes pas le premier bouleversement à écorcher leur frêle et précieuse naïveté, à marquer ce qui sera désormais l’avant et l’après. Je dois me résigner au fait qu’ils en connaîtront encore davantage, mais j’aimerais tant que l’on épargne encore un peu leur pureté.

En sommes-nous capables? Je m’entête à y croire.

Je repense à cette chronique parue sous la plume de Chantal Guy en février dernier. Troublante, elle relate l’histoire d’un père qui, pour épargner sa fille de 4 ans devant l’horreur des bombes qui résonnent à ses côtés, a inventé un jeu. « Quand elle tombera, on rigolera ».

Et me revient à nouveau ce rire. Si vous l’entendiez…

Cette histoire n’est pas une fiction. Et elle n’est pas sans rappeler l’un des films qui m’a le plus marquée et qui m’habite encore à ce jour. La vita est bella, œuvre d’une beauté cruelle. Je revois la résilience et l’amour d’un père, d’une puissance telle qui le conduit vers un dépassement de soi comme il s’en voit peu.

Vous vous rappelez sans doute cette scène dans laquelle il marche de manière clownesque, en route vers son exécution.  Ce moment précis où il s’évertue à faire rire l’enfant qu’il s’apprête à quitter à jamais, de sorte à lui épargner une souffrance, incompréhensible et insensée, à lui permettre de conserver foi en l’humanité et en ce qu’elle peut aussi offrir de beau.

Nous ne possédons pas tous la force de cet homme, mais nous portons tous en nous suffisamment de bonté pour tourner le regard vers l’autre.

Et si la situation actuelle permettait de faire émerger la bienveillance à son meilleur? Peut-être qu’au fond, le principal incubateur de cette crise sera celui de notre profonde humanité.

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